Saturday, September 27, 2008

Correspondant anglais



A 15 ans, comme tout indie kid française qui se respecte, j’écoutais de la britpop en boucle et je voulais être anglaise. Mais à mon grand désespoir, je n’avais pas de correspondante anglaise à qui envoyer des lettres écrites à l’encre turquoise dans mon carnet naf-naf. Je n’avais pas la joie d’attendre avec impatience les lettres frappées d’un timbre avec la reine et d’un petit autocollant dauphin ou cheval.

Les petits gars de Maison Neuve ont du avoir une adolescence bien différente parce que je soupçonne fortement qu’ils aient eu des correspondants anglais ou écossais du nom de Stuart Murdoch, Jarvis Cocker ou quelque chose de ce genre. Ils ont du aller dans des petites maisons de banlieue et trouver que la Marmite c’était vraiment dégueulasse et leurs correspondants ont du s’étonner de ne pas manger des cuisses de grenouilles lors de leur séjour en France. Mais il y a bien quelque chose dont je suis sure : les petits français ont du piquer quelques secrets bien gardés au fond des maisons anglaises : comment écrire de fabuleuses chansons pop. Parce que les chansons de Maison Neuve relèvent du génie de la pop. Le genre de chansons qui remplissent les albums de Belle and Sebastian et qu’on pensait ne pouvoir être produites que de l’autre côté de la Manche. Et surtout, le genre de chansons dont on ne se lasse jamais quelque soit notre humeur.

Maison Neuve – Giving up is a daily fight

Maison Neuve – Famous on the campus


Maison Neuve – Victor

Maison Neuve vient de sortir un EP limité à 500 exemplaires hautement recommandable, ainsi qu’un split album avec Lispector dont on reparlera quand j’aurais le temps, le tout sur l’excellent label Sauvage Records. Et enfin, c’est pas parce qu’une moitié de ce blog est redevenue anglaise qu’il ne faut plus annoncer les concerts à Bordeaux, donc : Maison Neuve + Mirror Mirror + Thanksgiving à notre cher Inca dimanche. Meilleure soirée du mois si vous voulez mon avis.

Wednesday, September 24, 2008

Un document sociologique



Ainsi donc, la grande saison des festivals est terminée. La tente est repliée jusqu'à l'été prochaine, où l'on découvrira probablement qu'une araignée oubliée lors du grand nettoyage a eu le temps de mettre au monde une progéniture nombreuse, les vaches reprennent leurs habitudes dans les verts pâturages malouins qu'elles fertiliseront à loisir en pensant avec un sourire en coin à ces salauds de festivaliers qui les exproprient tous les ans, ainsi que les avions sur l'aérodrome de Chaux qui un jour, c'est juré, feront un joli carnage en atterrissant sans crier gare sur les eurockéens insouciants.

Très loin des ruminants et des aéronefs, les salles parisiennes ont rouvert leurs portes. Il y a des avantages et des inconvénients, que vous pourrez classer dans les catégories idoines selon votre mode de vie : on ne transvase plus la vodka dans une bouteille en plastique, on ne fume plus devant les concerts, on ne croise plus des têtes d'affiches abominables en passant d'une scène à une autre, on dort confortablement dans son lit, à moins qu'on ne dorme dans un train de banlieue, sur un banc de Belleville, un coin de canapé, ou le lit de quelqu'un d'autre. Si on dort, évidemment.

On pourrait longuement discourir sur tout ce qu'on a découvert au cours de ces années de festivals accumulées. Nouveaux groupes, nouveaux amis, nouvelles expériences inattendues... Le temps ne fait rien à l'affaire, on finit toujours par trouver quelque chose de plus tordu que l'année précédente. Semer la zizanie dans un supermarché avec une balle rebondissante, ravager sa propre tente, démoraliser les jeunots qui voulaient draguer la british en traduisant malicieusement leurs apartés dans la langue de Jean-Marie Bigard, terminer la dernière nuit en plein jour en testant de nouvelles substances illicites, j’en passe et des meilleures (ou pires). On retombe toujours sur ses pattes. On retrouve par hasard le comparse raisonnable qui vient de se réveiller et qui suggère qu'il est temps de replier les tentes, ce dont on est strictement incapable dans l'état où on se trouve, et il y a toujours une nouvelle connaissance pour filer un coup de main. Ou on émerge tardivement au milieu d'un camping désert où il y a le nouveau pote des derniers jours, celui qu'on a rencontré par hasard parce qu'on arrivait à la bourre après avoir raté son train et avec qui on a sympathisé immédiatement en parlant musique, le type qui vous a attendu et qui vous dépose en voiture à la gare, où on trouve à racheter un billet pas cher, comme ça, par hasard, et ça paraît presque dommage parce qu’on était tenté par une journée de catamaran avec le nouveau pote en question. Faire absolument n'importe quoi semble être la meilleure option - tout ce qui en découlera ne sera que l'imprévu, et l'imprévu est souvent cool. Bien sûr, on aimerait avoir un souvenir de Sonic Youth jouant Daydream Nation l'an dernier, et on n'a qu'une zone de flou... Peu importe. On n'a pas le moindre regret, c’était marrant, on ne s'en porte pas plus mal. Sur le nombre de concerts vus chaque année, je peux bien en oublier quelques uns. Pour l'heure, parlons des groupes qui laissent une trace.

Logiquement, cher lecteur ô combien lecteur, tu devrais t'attendre à ce que je narre ce que j'ai vu un jour sur une scène provisoire quelque part dans ce vaste pays, voire un autre pays. Eh bien non, parce que je ne suis pas logique. (Sinon je ferais pas n'importe quoi comme ça, hein...) Le compte-rendu des Eurockéennes ? Ca attendra, il faut encore que je termine une première version complète et totalement impubliable avant d'en livrer par ici un résumé assez succinct, genre quinze pages. J'y travaille, ce sera sûrement pour Noël (et je comprends de plus en plus pourquoi on me parle de gonzo, mais passons). En attendant, il sera question ici :
- d'un type qui jouait dans un festival où je n'étais pas
- et d'un groupe qui ne jouait pas dans un festival où j'étais

Ce n'est pas aussi absurde qu'il y paraît. Les véritables découvertes au cours d'un festival sont de plus en plus rares, tant il est facile de jeter une oreille sur tous les groupes au programme avant d'y mettre les pieds.

C'est ainsi que je suis tombé sur Boogers, il y a trois ans. J'épluchais l'affiche des Rockomotives de Vendôme, souvent très recommandable, lorsque cet hurluberlu improbable m'a assailli les tympans de la meilleure façon qui soit. Comment était-il présenté ? Je ne sais plus trop, il faudrait que je retrouve le programme qui doit trainer dans ma chambre. J'ai des archives à faire blêmir la CIA, mais je pense qu'ils rangent un peu mieux. Ce qui convient bien au cas qui nous occupe, d'ailleurs. Vous prenez plein d'éléments épars dans la pop ou le hip-hop et plein de disques en tous genres, vous secouez le tout furieusement dans un garage mal insonorisé et vous dynamitez l'ensemble. Avec un peu de chance, vous verrez émerger Boogers, dans un amas de cendres et de références musicales, façon personnage de comics issu d'une mutation aberrante. Mais en beaucoup plus DIY, évidemment. C'est tout l'intérêt du truc : le super héros est un concept haute-fidélité, il va sauver le monde et finir par jouer dans des stades en emballant la blonde avant le générique de fin, c'est prévu; tandis que le bricolage de Boogers est franchement lo-fi, et de ce fait imprévisible (on pourrait parler de ses reprises, mais ne tuons pas la surprise). Le décrire est de toute façon hasardeux, alors autant caser un mp3, pas forcément le plus représentatif mais celui qui m'avait sauté aux oreilles et qui se trouvait sur la compile des Rockomotives, et le seul que je retrouve à l'instant dans mon dossier "emergency music" avec les trucs que j'aime vraiment beaucoup vu que mes CDs sont en foutoir et que j'écris dans un état proche d'une fin de festival, l'univers est étrangement cohérent :

Boogers - Ashtray


L'autre découverte de festival hors festival, c'est Johnny Boy.
J'étais à la Route du Rock cet été (comme tous les ans) et on m'alpague. C'est un fort joli mot, d'accord, mais c'est pas une raison, alors quoi ?... C'était une fort jolie fille. Bon, c'est une raison, on peut négocier. Elle m'alpaguait à cause de mon t-shirt des Thermals (il paraît que je le porte trop souvent, mais ça a parfois du bon) parce que son pote qui était là était terriblement fan des Thermals. Je me suis donc retrouvé à discuter avec son pote, ce qui veut dire que j'ai du merder quelque part, et on a forcément causé musique. Et cet individu que nous appellerons Samuel, fort sympathique au demeurant (quoique moins hormonalement attractif que sa compatriote nantaise), était comme moi fan des Thermals (sinon je porterais pas un t-shirt avec des canards - quoique...) de Jon Spencer et de plein de bonnes choses de bon goût dans ce genre. Et il me conseille Johnny Boy. Forcément, je retiens le nom.

Johnny Boy - ah ben non, j'ai pas de mp3 sous la main, allez voir sur myspace si j'y suis (j'y suis).



Boogers et Johnny Kid joueront ce mercredi à l'International, une nouvelle salle qui vient d'ouvrir rue Moret, proche du Nouveau Casino et de la Cantada. On espère que le lieu sera à la hauteur de sa programmation (depuis le début du mois, Helluvah, Seth Augustus, Nervous Cabaret, Enablers... on a vu pire). On espère que l'alchimie bar + concerts gratuits n'engendrera pas la même moisissure humaine qu'ailleurs, en d'autres termes que le rebut des flècheux recalés rue de Bagnolet mourra sur place au lieu de venir nous pourrir l'existence ici. (Oh, puisqu'on évoque la Flèche d'Or : j'ai appris récemment qu'un concert de The Love Bandits y avait été annulé au dernier moment il y a quelques mois parce que le videur refusait de laisser entrer le guitariste, malheureux musicien qui ne parvenait pas à convaincre l'abruti de service qu'il faisait partie d'un groupe qui devait jouer le soir même... Sérieusement, on fait quoi, dans ces cas-là ? Napalm ? Grenade ? Ou on espère FRANCHEMENT que l'International sera autre chose ?)

Johnny Boy se lance dans une tournée française que vous pouvez checker sur myspace (parce que je suis un peu trop plouc pour être sur Facebook, c'est sans doute ça).

Boogers se lance également dans un semblant de tournée qui commence par pas mal de dates à Paris, notamment une Nuit Blanche le 4 octobre qui s'annonce assez exceptionnelle puisqu'on y verra aussi le Club Des Chats (duo épileptique fréquemment vu avec Lapin Machin et qui mérite tous les éloges), Laurence Wasser, et GaBLé. GaBLé qui viennent de remporter le CQFD des Inrocks (comme quoi les Inrocks savent parfois où trouver les bonnes choses, n'est-ce pas... oh well), GaBLé (c'est toujours le même lien) qui seront cet automne aux Rockomotives (cohérence de sa mère), GaBLé (mais cliquez pas à chaque fois, c'est le même lien je vous dis) qui ont une vidéo fabuleuse que je ne résiste pas à vous proposer ici, Drunk Fox In London. Ca devrait faire marrer quelqu'un qui est souvent drunk in London et qui kiffe les renards. J'aurais pas cru au départ mais ce truc est ce que j'ai écrit de plus cohérent depuis longtemps.



Sunday, September 21, 2008

La neurochirurgie, c'est fun




On voudrait pouvoir échapper aux clichés. On voudrait pouvoir éviter ces petits grumeaux verbeux rebutants, pouvoir tartiner quelques lignes sur un groupe japonais sans avoir à gérer au mieux notre petit bagage lexical pour savoir où on placera les mots "barré", tordu", "déjanté", "malade" et tutti quanti (non, ce n'est pas du japonais).

Oui mais qu'y puis-je ? Est-ce ma faute si "groupe japonais barré" semble être une locution aussi figée que "pays du soleil levant" ? Je cherche encore l'oxymore, le "groupe japonais normal". Il y en a forcément, j'imagine. Enfin je suppose. Il faudrait aller au Japon pour se rendre compte, et demander à l'autochtone ensardiné dans son métro de nous faire écouter le truc le plus banal qui soit, le quelconque, l'acratopège. Le fait est que les groupes japonais que j'ai eu l'occasion de voir sont tous frappés, sans exception. Melt Banana, Merzbow, Guitar Wolf, Acid Mothers Temple, [...] ? Je ne suis jamais sorti de la salle en ayant l'impression d'avoir vu des gens normaux. Les plus raisonnables étaient encore 54 Nude Honeys, un quatuor de garage punkettes hurlantes, (très peu) vêtues de vinyle et de bas résille. Ca situe le niveau des plus beaux spécimens. Certaines études ont révélé que de nombreux billets en circulation dans des portefeuilles au dessus de tout soupçon portaient des traces de cocaïne. Je pense qu'il serait temps d'inspecter les tétines de biberons japonais. Après tout, les scientifiques en sont bien à expertiser des poils de yéti, ils devraient bien trouver le temps d'analyser les japonais, non ? C'est beaucoup plus facile à capturer, le japonais, c'est docile et pas contrariant, et il y en a suffisamment pour se permettre tous les tests imaginables, y compris les plus farfelus – donc les plus drôles. Et si jamais ils protestent, je leur rappellerais finement qu'on a toujours l'arme atomique.

Voilà, je viens de me mettre à dos un pays de plus de cent millions d'habitants. Pardonnez-moi ce manque de subtilité, ce n'est qu'une vague diversion avant l'enfonçage de porte béante qui va suivre. Si je veux parler de Polysics, je vais difficilement pouvoir faire autrement. Et manque de bol, j'ai envie de parler de Polysics. Qui est donc, si vous avez tout suivi, un groupe japonais. Taré.

Ils ont peut-être voulu faire les choses normalement, va savoir, reprendre à peu près là où Devo s'est arrêté, la new wave, le punk, les combinaisons colorées. En Europe, ce serait peut-être les Hives. Mais ils sont japonais, que voulez-vous... Ca donne ça : du "pogo punk technicolor" braillé en Anglais défaillant, en Japonais ou en n'importe quoi, des zigouigouis de synthés crétins qui tombent comme un poil de yéti dans le biberon.

Polysics – Plus Chicker

Polysics – Peach Pie On The Beach

Même quand ils reprennent un morceau "normal"...

Polysics – My Sharona


On pourra me dire que c'est finalement convenu d'aller voir des "groupes japonais barrés", certes. Mais sinon ? Payer un tarif exorbitant pour voir Assume Ton Oedipe à Bercy, ça vous semble anticonformiste ? (Ah, pardon, on me signale que c'est Nique Ta Mère. Je me disais aussi, Assume Ton Oedipe est encore très mal accepté dans les beaux quartiers.) Et la question n'est pas là. Polysics, c'est bruyant et joyeusement crétin, et c'est tout ce qu'on leur demande. Vous n'allez pas leur reprocher d'être japonais, quand même ?!


Polysics est en pleine tournée française :

- le 22 septembre à Paris (dans ma Maroquinerie adorée)
- le 24 septembre au Havre (Cabaret Electrique)
- le 25 septembre à Rennes (Antipode)
- le 26 septembre à Bordeaux (Son'Art)
- le 27 septembre à Marseille (festival Marsatac)

- et le 28 septembre à Londres (ouais, on annonce les concerts londoniens, maintenant).

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Monday, September 01, 2008

Le train qui surfe sur l’eau


Dessin : Stephen Wiltshire

Fact n°1 : à New York, il fait très très chaud l’été.

Fact n°2 : à Londres, l’été doit avoir une toute autre définition. L’air conditionné n’existe même pas, ça veut tout dire…

Fact n°3 : je suis au bureau et tout le monde est allé au Surfstock Festival ce week-end où jouaient notamment Gossip et les Black Lips. Moi, je suis restée à Londres et là, j’ai pas tellement envie de travailler. Alors je pense à l’été dernier à New York et à l’envie constante que j’avais d’aller me baigner au bord de la mer.

Parce qu’évidemment, New York, on pense Central Park, Empire State Building etc. Pourtant la mer n’est pas si loin que ça. Le plus simple, c’est d'aller à Coney Island. Mais pour un indie kid, ça serait l’équivalent d’un après-midi aux Halles à Paris, autant dire un cauchemar absolu.

Non, l’indie kid va à Rockaway Beach. Parce que 1) c’est une partie encore inexplorée par les promoteurs immobiliers et que les grandes plages de sable blanc font (un peu) penser aux plages des Landes, 2) les vagues de l’Atlantique sont énormes et que ça fait (un peu) peur parfois et avant tout, 3) parce que pour y aller il faut prendre le A Train qui juste avant d’arriver passe au dessus des marais et qu’à cet instant précis pendant 2 minutes, on a l’impression que le train surfe sur l’eau.

Là, maintenant, je voudrais être dans le train qui surfe sur l’eau, avec dans les oreilles, le nouveau single de Stereolab qui serait parfais pour l’occasion.

Stereolab - Neon Beanbag

Le nouvel album de Stereolab, intitulé Chemical Chords, est disponible chez tous les bons disquaires. Le groupe jouera à La Cigale le 26 novembre et le 19 décembre à la Cigale londonienne, c’est-à-dire Koko.

PS : notre FTP est mort, paix à son âme. Si quelqu’un a de l’espace à nous prêter, écrivez-nous !