Friday, May 30, 2008

Le panda est une brute



Le panda, cet animal apparemment paisible et au dessus de tout soupçon, est en réalité une brute. Le panda se fighte comme un bâtard, il organise des matchs de catchs clandestins dans les zoos, matez le coup de boule du panda à 0:17 sur cette vidéo, l'animal projeté hors du ring, la violence, et dites-moi que vous ne trembleriez pas si vous croisiez un panda, disons un soir pluvieux de novembre dans un coupe-gorge à Bogota? Vous pouvez bien faire le malin, là, confortablement assis chez vous, en haut de la chaîne alimentaire, vous croire sans prédateur naturel. Eh bien non. Le panda. Même pas besoin d'en faire une phrase, juste "le panda", et vous devez trembler d'effroi après la vision stupéfiante de cette castagne d'ursidés.

"- Et si on peut même plus se fier à un pelucheux animal, que l'on croyait non-violent, fondamentalement antiraciste à en juger par son pelage mêlé de blanc et de noir, symbole de la défense de la nature par l'entremise du WWF, mais mais mais qu'est-ce qu'on devient, alors ?" me direz-vous, l'air désemparé.

WWF ? World Wildlife Fund, vous croyiez ? Que nenni ! World Wrestling Federation. Eh oui, il faut le savoir. Le panda est l'emblème d'une fédération de catch. Tandis que le catcheur, lui, est souvent sous le masque un individu au coeur tendre. Tout ceci n'a sans doute qu'un rapport assez lointain avec Win Won Wun, à ceci près que le groupe avance masqué, ou tout comme. Masqué comme le catcheur et méconnu comme le panda, mais en plus cool. Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? QUE sont-ils, même ? Les réponses ne sont pas nombreuses. Alors déjà qu'on écrit n'importe quoi sur les gens qui ont une solide biographie fourmillant d'anecdotes truculentes, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse, là ? On meuble. J'avais une théorie sur les éléphants, aussi, je sais pas si ça vous intéresse ? Non ? Bon, Win Won Wun, alors.

Est-ce de l'anti-folk ? De l'anti-anti-folk ? Quelque chose comme ça, en tout cas c'est lo-fi à mort et complètement DIY, enregistré avec les moyens du Nord (tiens, ça faisait longtemps que j'avais pas casé un jeu de mot aussi pourri). Tout ce qu’on sait, en gros, c’est que c’est bien.

Il y a donc deux moyens d'en savoir plus.
a) écouter ceci (et comment on a fait pour avoir les mp3s d'un groupe aussi mystérieux ? Ben on connaît trop de monde, c'est ouf.)

Win Won Wun - Call Me

Win Won Wun – Trip To Italy

b) aller les voir jouer samedi 31 mai au Caf&Diskaire, à Lille, avec les excellents Fante dont on vous parlait l'an dernier et qui ont enfin un vrai disque à vendre, même que vous pourrez l'acheter sur place. C'est quand même bien foutu, tout ça. (Sinon vous pouvez le commander via myspace ou par correspondance, les infos nécessaires sont .)



Voilà. Vous pouvez toujours faire des débats sans fin sur un clip de Justice, la vraie violence c'est les pandas, c'est tout.

Sunday, May 11, 2008

Courrier des lecteurs, courrier du complot




Ce blog a des lecteurs, et nos lecteurs nous sont chers. Tu ne l'ignores pas puisque tu en fais partie (inutile de nier, on sait). Et nos assidus zélateurs nous font part des théories les plus diverses et néanmoins convergentes, parce que l'univers est comme ça, cohérent comme on a pas idée.

Ainsi donc, nous avons reçu ces messages.

D'une part, C., de Paris, sollicitait en ces termes un avis de notre part :
"Je suis dans un état intéressant, les facteurs café + fatigue me déchirant entre deux tendances : abattement apathique et excitation énergique. Je vote pour la théorie du complot, on fait sur nous des expériences sur les limites humaines. Qu'en pensez vous ?"

- Chère C.,

Manifestement oui, nous sommes les cobayes inconscients d'un programme secret d'une envergure effrayante dont nous distinguons vaguement les grandes lignes sans pour autant parvenir à dévoiler au grand jour les tenants et les aboutissants. Pour ma part, je constate qu'on verse fréquemment dans tous les verres à ma portée de fortes quantités d'alcool qui mettent en péril mes activités blogatoires, rédactionnelles et informatives. Ceci à dessein de m'empêcher de révéler ce qu'il faut bien appeler un complot. Mais la censure par l'ébriété ne passera pas, je poursuivrai ma tâche au mépris de tout ce qui est méprisable, et c'est vaste.


J'en viens donc à ce mail de S., de Paris/ Strasbourg/ Paris/ Strasbourg/ Paris, qui nous écrit :
"Nouvelle théorie : le Fnac dissémine de la drogue dans les écouteurs de ses bornes d'écoute. Ca t'est jamais arrivé d'écouter un disque sur place et de te dire : "Tain trop bon, je l'achète"; mais une fois chez toi, c'est le bad trip ? Moi ça m'arrive régulièrement. Mon premier fut The Top des Cure et le dernier, c'est Bauhaus, que j'ai failli acheter mais qui est "relativement" décevant comparé à la cocaïne que j'avais dans mes oreilles le jour où je l'ai écouté... Vive la drogue, vive les Warlocks !"

- Cher S.,

Oui, bon, du calme, hein... Cela dit, il y a du vrai. Si je devais faire la liste des CDs achetés sur une bonne impression qui se sont révélés d'un intérêt douteux, ou pire, les réécouter, ce serait encore une expérience sur les limites humaines. Et c'est là qu'intervient ce blog. Désormais, cher lecteur ô combien blah blah blah, on te propose des morceaux soigneusement choisis à la sueur de nos oreilles (je sais pas si c'est très classe, comme image), des groupes qui valent la peine d'être écoutés sans qu'il soit besoin d'adjuvant psychotrope - car, ainsi qu'on me l'a déclaré, "toi t'es meilleur que d'la coke".


Voici donc The Paper Chase. Nous évoquions il y a peu Two Ton Boa, et notamment la production steve-albinienne de leur album. C'est le chanteur et guitariste de The Paper Chase qui s'en était chargé. On est donc à peu près dans les mêmes eaux troubles, le même remugle cauchemardesque. A ceci près que l'impression de paranoïa est encore plus palpable ici, depuis le thème du dernier album, Now You Are One Of Us (sombre histoire de possession, d'engloutissement dans la folie ou de théorie du complot, tiens, tant qu'on y est...) jusqu'aux dissonances criardes qui strient tous les morceaux. Un bad trip, peut-être, mais dans le meilleur sens du terme.

The Paper Chase - We Know Where You Sleep

The Paper Chase - The House Is Alive And The House Is Hungry

The Paper Chase - Ever Since The Turn

The Paper Chase joue ce soir à la Flèche d'Or et demain à Poitiers.


Enfin, nous sommes tenté de considérer dans le courrier des lecteurs ce texte que S., des Inrockuptibles, ne nous a pas envoyé:



Mouiiii... Un article publié juste une semaine après celui-ci. Il paraît que c'est un hasard... Il serait amusant de découvrir que Black Candy est une lecture inavouable dans les rédactions parisiennes. Il serait amusant aussi d'écrire directement pour les Inrocks - mais payé.

Je me contenterai d'ajouter
a) que j'ai été assez perspicace sur la tendance du triplement, puisque voici venir le premier groupe (à ma connaissance) à triple triplement : Low Low Low La La La Love Love Love
b) l'opinion de B., de Paris : "il m'avait fait rire l'article quand je l'ai lu la semaine dernière, mais le tien est nettement mieux."

Et toc.

Friday, May 02, 2008

Do Ré Mi Fuck Sol La...



Au collège, ma prof de musique s’appelait Mme Mialot.
Comme la totalité du collège, elle me terrifiait. Ce qui nous faisait peur, c’était évidemment les séances de chant où on devait chanter du Celine Dion à 3. Je vous laisse imaginer trois garçons en train de muer qui chantent « You ooooooopeeeeeen the door ». Grandiose quand on y repense, flippant sur le moment.
Je me rappelle également de cette fois où on est tous arrivé en pleurant en cours. Pas parce qu’on avait peur de chanter cette horrible chanson de Phil Collins. Non, on pleurait et toussait parce qu’un élève avait lancé une bombe lacrymo dans le couloir. Elle nous a fait chanter, bien que ça ne soit pas tellement le verbe approprié ici, disons qu’elle nous a fait produire des sons QUAND MÊME ! Sa cruauté était sans bornes.

Mais tout ceci n’était rien comparé à l’épreuve de la flûte à bec ! Avant les jours d’évaluation, à la récré, on voyait les visages se fermer, ça rigolait drôlement moins. Mme Mialot appliquait le même système qu’au chant, on passait en général par 3 et elle nous menaçait en cas d’absence d’un zéro de moyenne + un mot dans le carnet ! Cruauté, je vous dis.
Evidemment, la plupart d’entre nous étaient totalement incapables de lire la moindre partition alors on se faisait écrire le nom des notes en dessous. Mais Mme Mialot le savait. Elle s’approchait de notre cahier et si elle voyait un « la » écrit, hop elle prenait une gomme et l’effaçait ! En général, il y avait la bonne élève qui jouait bien le truc grâce à ses 8 années de piano et ensuite c’était l’hécatombe. Il y avait celui qui se mettait à transpirer et dont les doigts glissaient sur les trous de la flûte ; celui qui tremblait de tout son corps et n’arrivait à émettre que quelques « tuh tuh ». Les deux copains avec qui je jouais tenaient en général deux notes, trois lors des grands jours, et me laissaient finir, ce que je n’arrivais à faire que très rarement.
Alors Mme Mialot s’énervait et gueulait un bon coup et on regardait tous par le fenêtre en se disant : « vivement le lycée que je balance cette putain de flûte à bec à la poubelle. Et qu’on ne me parle plus jamais de cet instrument de malheur ».

Mais ça y est, à 23 ans, soit près de 10 ans après le supplice de la flûte à bec, je suis réconciliée avec cet instrument grâce au nouvel album de la suédoise El Perro Del Mar.
Souvenez-vous, El Perro Del Mar c’est cette délicieuse demoiselle qui a débarqué en 2006 avec des chansons où c’était vraiment okay d’avoir des paroles du genre “Is it so hard to see ? I don’t want to be a friend. I just want to be a part of you” parce que c’était beau, doux et qu’on voulait juste aller pleurer dans une bière avec elle. Elle revient aujourd’hui avec un album intitulé From The Valley To The Stars, où tout est encore beau et doux, mais en plus il y a de la flûte à bec.

El Perro Del Mar – Glory To The World


J’ai eu Mme Mialot toutes mes années de collège à l’exception de la 5ème où j’ai eu une jeune prof qui nous fait étudier Starmania sous TOUTES SES FORMES pendant TOUTE L’ANNEE. C’est vous dire si je reviens de loin…